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MEMORIAL DE L'ESCLAVAGE

Mémorial Florine et Marcelin POULANGY
Histoire de l'esclavage

Mémorial Florine et Marcelin POULANGY
Histoire de l'esclavage

UNE ASPIRATION POULANGEOISE,
UNE AMBITION NATIONALE À RESONNANCE INTERNATIONALE

Buste Florine et Marcelin POULANGY

Initié par l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Poulangy, en partenariat avec la municipalité de Poulangy, le Mémorial Florine et Marcelin POULANGY aura pour ambition de créer un lieu de mémoire entre cinq faits de l'histoire poulangeoise reflétant quatre grandes périodes de l'Histoire mondiale de l’esclavage.

Ce lieu en élaboration  sera dédié à la mémoire collective et ouvert sur le monde contemporain.

Si les premières attestations de l'esclavage remontent au Néolithique, la première relation entre Poulangy et l'histoire de l'esclavage se retrouve à quelques kilomètres seulement du village. En effet, entre l'époque carolingienne et capétienne, une ancienne route qui venait d'Europe centrale, acheminait des esclaves vers Verdun (alors un centre de castration). Ces hommes devenus eunuques, ainsi que des femmes et enfants, descendaient vers Langres, puis Lyon, Arles, suivant d'anciennes voies romaines, pour être conduits vers les marchés aux esclaves de l'Islam andalou. De là, ils étaient revendus à de riches propriétaires dans toute la péninsule ibérique, alors sous domination arabe.

Ces anciens chemins témoignent des réseaux complexes du commerce des êtres humains qui s'étendaient déjà à travers l'Europe.

Carte Poulangy
Haut Moyen-Age
Gravure hollandaise
Traite des esclaves barbaresques
détail Poulangy

Au XVIIe siècle, Jacques (1er) de Vincheguerre et son fils Philandre se distinguèrent comme deux corsaires de renom lors des premières guerres contre les Barbaresques. Ces conflits, qui durèrent jusqu'au XIXe siècle, opposaient les grandes puissances européennes aux États barbaresques d'Afrique du Nord, soutenus par l'Empire ottoman. Les corsaires barbaresques menaient des raids fréquents sur les navires marchands et les côtes européennes, capturant des esclaves catholiques et perturbant ainsi le commerce maritime. En réponse, les nations européennes organisèrent des expéditions militaires pour contrer cette menace et protéger leurs intérêts économiques. C'est ainsi que les deux hommes sont devenus hospitaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et lieutenants de la marine militaire, nouvellement créée par Richelieu.

Jacques de Vincheguerre avait noué des liens étroits avec Henri de Lorraine, troisième Duc de Guise, l'un des plus éminents chefs d'armée du roi et principal chef catholique durant la première guerre de Religion. Philandre, hospitalière, se vit attribuer les commanderies de Thors (dans l'Aube) et du Corgebin (village de Brottes à coté de Poulangy). Son frère, Jacques (2ème), épousa la fille d’honneur de Louise Marguerite de Lorraine (fille d'Henri de Lorraine), Charlotte de Champenois la Neufvelotte (Laneuvellotte) était issue d'une branche descendante des barons de Nogent en Bassigny. Leur fils, Charles, se maria le 31 décembre 1664, en l'église de Poulangy, avec Françoise Aubert, fille du lieutenant de la prévôté du lieu. Les Vincheguerre s'établirent à Poulangy, où l'on peut encore admirer aujourd'hui les chapiteaux ornés d'un motif sculpté de croix de Malte, qui ornaient jadis le portail de leur demeure.

Acte de naissance
Extrait du registre des nouveaux libres
Traite négrière occidentale
détail Poulangy

À l'abolition de l'esclavage en France, les officiers d'état civil se trouvèrent face à une tâche monumentale : attribuer des noms de famille aux anciens esclaves nouvellement libres. Cette responsabilité, bien que lourde, fut souvent accomplie avec une certaine improvisation. Le 13 octobre 1848, une mère et son fils se présentèrent devant Charles Anatole Léger, l'officier en charge de l'état civil dans la commune de Pointe-à-Pitre. Pour accomplir cette mission, l'officier avait utilisé, depuis le décret du 27 avril, un annuaire des entreprises de métropole. Arrivé à la lettre "P", il attribua le matronyme de "Poulangy" à Florine, la mère, et par extension, à son fils Marcelin. Le nom du village, attribué par un simple officier d'état civil, se trouva ainsi indirectement lié à l'histoire de la traite négrière et devint l'un des nombreux symboles de cette histoire complexe. Il marqua également le début d'une nouvelle lignée puisque Marcelin épousa Alixia Laujin avec qui il aura Samuel ; lui-même aura cinq enfants dont deux garçons qui poursuivirent cette généalogie.

Le 13 octobre 2023, à l'occasion des 175 ans de l'abolition de l'esclavage, Monsieur Olivier Billard, maire de Poulangy, en mémoire de leurs aïeux, rendit hommage à l'ensemble de cette famille à travers le docteur Alixia Poulangy et l'ingénieur Samuel Poulangy, en les élevant au rang de citoyens d'honneur de la commune. Et à titre posthume, pour avoir fait rayonner le nom de Poulangy au-delà de ses frontières, à leur oncle Daniel Poulangy, dont une rue porte son nom en Guadeloupe.

13 octobre 2023
L'esclavage en Afrique Poulangy

L'histoire de l'abolition de l'esclavage, à travers le monde, débute dès l'Antiquité. Bien que la plupart des pays développés avaient officiellement aboli l'esclavage dans la loi au milieu du 19ème siècle, cette question restait au cœur des préoccupations internationales. Ainsi, la Conférence de Berlin, tenue de novembre 1884 à février 1885, visait principalement à réguler la colonisation de l'Afrique par les puissances européennes, incluant des engagements pour supprimer l'esclavage dans les territoires africains sous influence européenne. S'ensuivit la Conférence internationale anti-esclavagiste de Bruxelles en 1889-1890. La même année, le poulangeois Albert Lepitre, professeur à la faculté de lettres de Lyon, publia "L'esclavage en Afrique". Cet ouvrage traite de la question de l'esclavage sur le continent africain, abordant notamment les différents systèmes d'asservissement.

L'auteur y décrit les conditions indignes dans lesquelles les Africains étaient exploités et les privilèges dont jouissaient les colons européens, qui avaient accès à une main-d'œuvre soumise et à des marchés préférentiels. Ce livre est réédité par la Bibliothèque nationale de France (BNF) en partenariat avec les éditions Hachette, dans le cadre de sa politique de conservation patrimoniale. Cette initiative vise à préserver et à rendre accessibles les ouvrages importants de la littérature française ainsi que les courants de pensées en les réimprimant à la demande.

L'esclavage moderne

Les liens entre Poulangy et l'histoire de l'esclavage auraient pu s'arrêter là, si le hasard n'avait pas encore joué des siennes. C'est ainsi qu'en 2024, à l'occasion de la 12ème édition du concours des “Petits champions de la lecture”, les Haut-Marnais découvraient leur nouvelle lauréate. Il s'agissait d'Elikya Tsimba-Vacheret, une élève en CM2 à l'école primaire de la Pommeraie à Poulangy. La jeune enfant est la descendante, du côté maternel, de la famille Vacheret, installée au village depuis 1725, et du côté paternel de l'artiste congolais Freddy Tsimba.

Freddy Tsimba est un artiste dont l'œuvre est profondément ancrée dans la solidarité envers l'humanité en souffrance. Ses créations artistiques ne se contentent pas d'être esthétiques ; elles portent en elles un message puissant sur les injustices et les souffrances contemporaines. À travers ses sculptures et installations, Freddy Tsimba dénonce également l'esclavage moderne, notamment l'exploitation des jeunes enfants dans les mines de cobalt au Congo. Son travail artistique devient ainsi un vecteur de sensibilisation, invitant le spectateur à réfléchir sur les conditions de vie inhumaines et l'exploitation qui perdurent encore aujourd'hui. En 2018, le Manège de Chaillot fait l’acquisition de sa "Porteuse des vies", une sculpture monumentale dont le corps est entièrement constitué de 20 000 douilles de cartouches réellement tirées dans des zones de conflit afin de célébrer le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme adoptée par les Nations unies au Palais de Chaillot en 1948.

L'association de sauvegarde du patrimoine de Poulangy a consacré le N°2 de sa revue

aux relations entre Poulangy et la traite des êtres humains. Ce numéro est toujours disponible à l'achat en ligne :

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