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Charles Gaspard VINCENT DE LA FEUILLE, connu sous le nom de père Charles Gaspard DE LA FEUILLE, est un homme d'église et pédagogue, surtout reconnu comme un théologien français du début du 18e siècle.
Il est le troisième enfant de Michel VINCENT DE LA FEUILLE et de son épouse Nicole DOYEN.
➢ Son père était le gentilhomme du marquis Charles Gaspard DE LÉNONCOURT-BLAINVILLE, dont la famille comptait parmi les quatre « grands chevaux de Lorraine » à la cour des ducs de Lunéville.
➢ Son frère ainé, Michel VINCENT DE LA FEUILLE, s’éleva au rang de premier homme de chambre du duc Charles V de Lorraine. Sa descendance fût anoblie.
➢ Sa sœur, Charlotte (qui devait son prénom à sa marraine Charlotte DE NETTANCOURT, épouse du marquis Charles Gaspard DE LÉNONCOURT-BLAINVILLE) épousa Charles Antoine HUSSON qui devint receveur de la saline de Dieuze à la suite de son père et notaire apostolique primat de Lorraine. Sa descendance fût anoblie.
Charles Gaspard VINCENT DE LA FEUILLE est né dans les années 1640. Comme sa parenté, on ne sait pas grand-chose en se qui concerne le début de sa vie. Il entre, en 1666, au couvent de la Nouvelle-Bethléem, de l'ordre de saint Dominique, à Blainville. Ce couvent dominicain fût fondé quelques années plus tôt, en 1621, par le primat de Lorraine Antoine DE LÉNONCOURT, parent de son parrain le marquis DE LÉNONCOURT-BLAINVILLE. Après sa profession religieuse, il aurait été envoyé à Paris pour étudier la théologie. Il enseigna ensuite la philosophie dans les couvents d'Abbeville, Amiens et Nancy. Les plus anciens textes connus de lui sont "Disputatio proemialis ad universam philosophiam" et "Disputatio proemialis ad logicam". Deux manuscrits, de 30 pages pour le premier et de 35 pages pour le second, tous deux signés "autor B. P. Carolo la feuille ord.", aujourd'hui insérés entre les pages 113 et 146 d'un ouvrage plus important, incluant d'autres textes de théologie et conservé par la Bibliothèque Nationale de France. Ils peuvent être considérés comme antérieurs à son premier ouvrage, publié à Amiens, en1683, intitulé « Instructiones dialecticae » qu’il signe de son nom abrégé « P(ère) Carolo La Feuille ».
Charles-Gaspar VINCENT DE LA FEUILLE devient second lecteur de théologie au couvent parisien des frères prêcheurs de la rue Saint-Honoré et se fait appeler sobrement Père Charles-Gaspar DE LA FEUILLE. Cependant, plutôt que de consacrer à la direction de communautés de moniales, il préfère se consacrer à la rédaction d’ouvrages. En 1698, il devient professeur en théologie auprès des jeunes novices dominicaines du prieuré royal Saint-Louis de Poissy pour qui il rédige une « Instruction chrétienne » publiée chez F. PRALARD fils à Paris. La même année et chez le même éditeur, il augmente son volume de 199 pages à 497 à travers sa réédition intitulée "Instruction chrétienne ou Théologie familière".
Vers 1698, il devient le confesseur des dames nobles de l'abbaye royale Saint-Pierre à Poulangy. C’est depuis cette abbaye, dans sa maison de l'aumônerie, qu’il rédigea la majeure partie de son œuvre. Cette même année, il fait imprimé à Paris, chez F. PRALARD fils : "Théologie des dames" et réimprimer son "Instruction chrétienne ou Théologie familière" qu'il augmenta. Ce même ouvrage est également édité, la même année, à Langres, chez Claude PERSONNE. L'éditeur publie en 1704 la troisième version de l'ouvrage. Cette fois en 5 parties réparties en 497 pages. Deux ans plus tard, PERSONNE édite quatre petits volumes : "Théologie familière", "Prières du matin et du soir", "Réflexion d'une âme dévote pour tous les jours de l'année" (80 pages) et "Différences des vraies vertus d'avec les fausses et des faux dévots d'avec les vraies" (67 pages).
En 1707, Charles-Gaspar VINCENT DE LA FEUILLE fait imprimer chez Claude PERSONNE, la première version de "Théologie du coeur et de l'esprit". Suivront les deuxième et troisième, les années suivantes. En 1710, la cinquième édition est imprimée à Chaumont, chez Gabriel BRIDEN. Ce dernier réédite également "Prières du matin et du soir" augmenté cette fois à 354 pages. En 1712, BRIDEN imprime la sixième version, en 6 volumes, de "Réflexion d'une âme pénitente pour tous les jours de l'année".
En 1720, au crépuscule de sa vie mais au sommet de sa renommée, Charles-Gaspar VINCENT DE LA FEUILLE change d'éditeur pour Jean-Baptiste CUSSON. Ce dernier, rompu aux moeurs parisiennes, est alors l'un des plus important éditeur de Lorraine, publiant le celèbre savant bénédiction Dom Calmet. Cette même année, CUSSON imprime la huitième édition de « Théologie du cœur et de l'esprit ». En 1721, il imprime la septième version de "Réflexion d'une âme pénitente pour tous les jours de l'année". L'année suivante, la seconde et dernière version de son "Interprétation des Psaumes de David" (Un ouvrage publié en 1710, une première fois, chez P. A. LE MERCIER à Paris). En 1724, l'imprimeur nancéien imprime la neuvième et dernière versions de "Théologie du cœur et de l'esprit", idem pour la "Réflexion d'une âmes pénitente" ainsi que la quatrième version d'"Instruction chrétienne". Par l'intermédiaire du français Etienne Briffaut, libraire à Vienne et ami de CUSSON ces ouvrages sont vendues jusqu'en Autriche. Malheureseument Charles-Gaspar VINCENT DE LA FEUILLE ne goutera pas à cette célébrité tardive et s'éteint cette même année en un lieu encore inconnu aujourd'hui.
Du fait de l'oublie de son nom, de celle de sa biographie ainsi que du peu d'exemplaire qui nous soient parvenues, nous serions tenter de penser que le père VINCENT DE LA FEUILLE fut un auteur de moindre importance. Or, pour nous permet d'apprécier combien ses conclusions numéraires sont hative et infondé, afin de toucher du doigt de l'un des aspects du livre religieux de cette époque, un long procès impliquant deux des plus important ateliers lorrain, Jean-Baptiste CUSSON à son rival Nicolas BALTAZARD, nous permet d'en comprendre la nuance. Il s'agit d'un différent ayant eu lieu entre 1724 et 1730, concernant un petit livret intitulé "Journée du chrétien" par le Père jésuite DEVILLE. Au début du 18e siecle, le Père DEVILLE était un auteur de piété très populaire. En 1713, l'auteur avait confié à l'imprimeur nancéin GAYDON, le soin d'imprimer et de diffusé son ouvrage. Au décès de l'éditeur, son collègue CUSSON reprit l'édition. Celui-ci procéda entre 1718 et 1724, à 5 ou 6 tirages, de 1 000 à 2 000 exemplaires chacun. Cependant, en 1724, Nicolas BALTAZARD obtient également le privilège d'impression de cette ouvrage. Immédiatement conteste par CUSSON, s'ensuit un procès qui durera six ans, nécessitera une longue procèdure et coutera beaucoup d'argent au deux protagonistes ... tous ceci pour un mince opuscule dont il ne reste aujourd'hui aucun exemplaire. De sorte que les détails de ce procès furent sortie de l'oublie grace à une étude qu'a consacré Albert RONSIN a "L'industrie et le commerce du livre en Lorraine, au 18e siècle" publié en 1964 dans le Bulletin de la Société Lorraine des Etudes Locales et l'existence même du Père DEVILLE, qu'à travers quelques lignes que lui a consacré le Père Dom Calmet dans sa "Bibliothèque de Lorraine".
Aussi, les réflexions religieuses et philosophiques du Père Charles Gaspar VINCENT DE LA FEUILLE furent imprimé à plusieurs milliers d'exemplaires à travers différents ouvrages connus sous onze titres et trois variantes. Le plus célèbre et répendue étant « Théologie du cœur et de l'esprit ». Ces ouvrages se retrouvaient dans les plus importantes bibliothèques de cette époque. évidemment religieuses comme celles de l'abbaye de Clairvaux ou privées comme celle de Jean BOUHIER, président du parlement de Bourgogne, qui était l'une des plus belles collections de France. On les trouvait également en Europe comme en témoigne un exemplaire marqué du tampon du Collège jésuite Notre-Dame du Tuquet à Mouscron en Belgique ou un autre de la Bibliothèque Nationale d'Autriche. L'histoire de ces ouvrages est parfois peu banale comme en témoigne cette exemplaire de la "Théologie du cœur et de l'Esprit", 5ème édition, Tome 3, parution de 1710. Au 18ème siècle, il fut acheté par le couvent des Carmes de Reims. À sa dissolution, en 1789, il passe dans des mains privées (probablement celles d’un jésuite). Après 1854, l'ouvrage intègre la prestigieuse bibliothèque de l'école Sainte-Geneviève de Paris. Couramment surnommée « Ginette » ou encore « BdJ » pour « boîte de jèzes ». Cette école étant notoirement réputée pour son taux de réussite très élevé aux concours des grandes écoles. Après 1946, en raison de la laïcité des établissements scolaires, le volume quitte la bibliothèque du lycée privé Sainte-Geneviève pour rejoindre celle du scolasticat jésuite du château des Fontaines, à Chantilly. En 1997, à sa fermeture, la collection des Fontaines avait rassemblé plus de 500 000 documents. Ces derniers sont aujourd'hui en dépôt à la bibliothèque municipale de Lyon qui compte parmi les plus grandes bibliothèques publiques d’Europe.